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ETATS-UNIS : Décès du Professeur Robert Miller membre éminent de la Délégation de La Renaissance Française aux Etats-Unis

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Universitaire, écrivain, historien, traducteur, éditeur, le Professeur Robert Miller, qui avait reçu la médaille d’or du Rayonnement culturel, était un membre éminent de la délégation de notre institution aux Etats-Unis présidée par Bernie Duhaime et dont Jane Robert est la Présidente honoraire

Hommage au Professeur Robert Miller
par Denis Fadda

Vous êtes né, Monsieur, en Toscane, cette Toscane si chère au coeur des Français, dans cette splendide et si riche cité de Lucca, Lucques, patrie de Puccini, qui ne peut laisser indifférent aucun être de culture. Bien sûr, Lucca vous a laissé vous-même si peu indifférent que, durant votre vie, vous avez éprouvé le besoin de vous y retirer régulièrement, en ses remparts, pour écrire et méditer.

Vous êtes né en cette ville puisque c’est là, en effet, que votre mère, issue d’une vieille famille du Grand Duché, femme de lettres de talent et qui deviendra un professeur réputé, épousa le valeureux officier qu’était votre père, venu d’Amérique en ces lieux pour contribuer – aux côtés de l’Armée d’Afrique – à la libération de l’Italie.

Après quelques années passées aux Etats-Unis, vos parents vous ont fait le splendide cadeau de venir s’installer au Maroc. Vous avez été conquis par l’Empire chérifien qui vous a retenu jusqu’en 1962, c’est à dire jusqu’au moment où, l’indépendance de l’Algérie étant intervenue, vos parents ont choisi de s’installer à Paris.

En cette ville, après deux années au Collège Stanislas, vous avez entrepris, en Sorbonne et à l’Université Paris X, des études d’Histoire, couronnées par de brillants travaux, dirigés par le Professeur Charles Bloch, sur Bernanos et la politique. Vous avez poursuivi vos études, dans votre pays, les Etats-Unis, jusqu’à devenir professeur, et aussi traducteur.

Mais, alors que dans les universités dans lesquelles vous enseigniez, vos étudiants étaient captivés par votre savoir, de grandes maisons d’édition cherchaient à vous attirer à elles ; elles y sont parvenues, sans réussir toutefois à vous détacher complètement du monde universitaire, puisque vous avez continué longtemps à appartenir à l’Université de la Ville de New-York.

Cependant, lorsque la prestigieuse maison Macmillan, dont vous étiez vice-président, s’est mise à s’intéresser bien plus aux marchés financiers qu’aux livres, vous avez considéré que vous n’y aviez plus votre place et vous avez osé créer votre propre maison d’édition, à New-York.

Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Votre maison, spécialisée dans l’histoire contemporaine, et dans les oeuvres ou travaux historiques d’importance, s’est très vite imposée par sa qualité et son sérieux, et vous-même, à la fois auteur et traducteur de grand talent, vous avez séduit. Les ouvrages que vous avez publiés valent autant pour la présentation que vous en avez faite que pour leur contenu.

Les télévisions ont fait appel à vous, pour avoir votre opinion ou vous demander de participer à des débats et, de toutes parts, il vous a été offert de donner des conférences.

Il faut dire que maniant avec une égale facilité l’anglais, l’italien et le français, écrivant dans ces trois langues dans des styles différents, mais avec toujours la même élégance, homme de grande culture, vous étiez à la croisée des chemins, un de ces hommes rares dont notre monde a tant besoin.

Et particulièrement la France, car traducteur de grands auteurs français – vous avez notamment traduit Jean-Baptiste Duroselle – vous avez contribué largement, en les publiant dans votre maison, à diffuser la pensée française aux Etats-Unis.

Vous aimiez, Monsieur, la culture française et l’histoire de notre pays à un tel point que je me demande si vous n’étiez pas le plus français des Américains. Ceci vous permettait de comprendre ce que personne d’autre que vous pouvait saisir. L’un de vos derniers ouvrages « Indochine et Vietnam » l’a encore prouvé. Aussi bon connaisseur des aspects militaires, historiques et politiques de la guerre d’Indochine que de la guerre du Vietnam vous nous avez offert un livre unique. Il en fut de même lorsque, à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer de France, vous avez présenté une magistrale communication sur le thème « Les Etats-Unis et la décolonisation des Grands empires coloniaux », sujet sur lequel les Francophones savaient bien peu et sur lequel ils s’interrogeaient beaucoup.

Vous y firent des révélations.

Ces derniers mois vous prépariez, dans le cadre de la Délégation de La Renaissance Française aux Etats-Unis un important colloque, qui était très attendu, sur « Les Etats-Unis et la France dans la Grande Guerre » ; vous y aviez associé le prestigieux « New York Military Affairs Symposium », le NYMAS, dont vous étiez le Directeur exécutif et le «Soldiers Sailors Marines Coast Guards and Airmen Club of New York City » au conseil scientifique duquel vous apparteniez.

Assurés de sa haute qualité, nous attendions ce colloque avec impatience. Nous en serons privés. Comme nous serons privés des propos toujours clairs, précis, intelligents, nourris de culture de Robert Miller, de sa bienveillance, de sa courtoisie, et de son amabilité joyeuse.

Les Francophones perdent avec lui un ami très sûr.

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