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Sept décennies de paix européenne voulue par Robert Schuman et Jean Monnet

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Robert Schuman (debout) lors de sa déclaration faite le 9 mai 1950 au ministère des Affaires Etrangères, salle de l’Horloge, au quai d’Orsay, en présence de Jean Monnet

PAR PIERRE MABIRE
Avant de tourner la page de l’année 2020, il est utile de rappeler qu’elle fut celle du soixante-dixième anniversaire de la « déclaration Schuman » prononcée le 9 mai 1950 au salon de l’Horloge du Quai d’Orsay à Paris.
Cette déclaration porte à jamais le nom de Robert Schuman, ministre des Affaires Etrangères.
Elle a pris tout son relief ces dernières semaines lors de la célébration anniversaire de la fin du conflit de la Grande Guerre, le 11 novembre, devant la dalle sacrée du soldat inconnu de l’Arc de Triomphe à Paris, et lorsque les cendres de l’écrivain Maurice Genevoix furent déposées au Panthéon.

Rendre impossible toute nouvelle guerre

Cinq ans seulement après la fin de la Seconde guerre mondiale et deux conflits planétaires qui coûtèrent la vie de 60 millions d’êtres humains, Robert Schuman déploya toute son énergie pour rendre impossible le recours à de nouveaux affrontements armés.
L’évadé qu’il fut des mains de la Gestapo et clandestin aux fausses identités durant l’Occupation n’avait qu’une seule ambition : réconcilier l’Europe pour construire une paix définitive des deux côtés du Rhin.
Son discours ministériel fut émaillé d’expressions qui, soixante-dix ans plus tard, ont conservé toute leur modernité :

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« L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. L’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne. (…) La solidarité de production (ndlr : du charbon et de l’acier) qui sera nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible (…). Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d’intérêts indispensable à l’établissement d’une communauté économique qui introduit le ferment d’une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes. »

Les trois piliers de l’Europe

Son projet était d’établir une Haute Autorité associant principalement la France et l’Allemagne dans l’effort de reconstruction des deux pays dont les infrastructures économiques, de nombreuses villes et villages avaient été réduits à l’état de ruines.
Le plan Schuman pour l’Europe reposait sur trois piliers :
– une Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA)
– la création d’une Communauté Européenne de Défense (CED)
– une Communauté Politique Européenne (CPE).
Il s’agissait, dans l’esprit du ministre des Affaires étrangères, de mettre l’allié américain à distance d’une Europe devenue maîtresse de son propre destin, y compris face à l’empire soviétique ayant pied en Allemagne de l’Est avec ses rampes d’ogives nucléaires.
Un seul des piliers de cette Europe imaginée par Robert Schuman fut érigé avec la création de la CECA (Paris – 1951) qui devint la Communauté Economique Européenne (Rome – 1957), puis l’Union Européenne (Maastricht – 1992).
La création de l’euro, poisson pilote monétaire d’une entité supranationale de plus en plus souveraine économiquement, fut un pas de plus vers la consolidation de cette Union, sans résoudre pourtant l’absence de poids politique de l’Europe dans le concert des puissances mondiales.

Une Europe mutualisée et en paix

Bien que dépourvue d’un pouvoir légitimé par le suffrage populaire direct, l’Europe ne cessa de se bâtir pierre à pierre pour devenir un édifice de politiques mutualisées dans des domaines aussi variés que la lutte contre le grand banditisme, la sécurité sur les lieux de travail, la protection des consommateurs, la défense de l’environnement, les libertés fondamentales par exemple.
La grande réussite de Robert Schuman, aidé en cela par Jean Monnet, commissaire au Plan, avec lequel il fit entrer le projet européen dans une France encore blessée et traumatisée par les deux conflits mondiaux du 20è siècle, reste bien la Paix rendue irréversible.
C’est le sens de la présence de La Renaissance Française née en 1915, chaque 21 septembre, à la cérémonie officielle de ravivage de la flamme sur la tombe du soldat inconnu et de la gerbe qu’elle dépose à la mémoire des combattants de tous pays tombés durant la Grande Guerre.
P. M.

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